Des dizaines d’années que la bête était née, contrôlée et oubliée. Quelquefois elle apparaissait furtivement sous forme de pensées lubriques puis était renvoyée dans sa geôle. Dernièrement, la bête n’avait pas surgie lors de ma première rencontre avec mon être idéal. Cette femme qui m’avait donné tant d’oxygène, d’énergie, de plaisir et dont j’ai raté la séance. « Trop doux »…Cette phrase rebondit dans ma tête. La frustration est là. Un questionnement sourd résonne dans ma tête : j’aurais du lâcher la bête. Mais cette dernière me fait si peur. Je retourne à ma vie quotidienne la mort dans l’âme. Ce quotidien irréel. Des années que la bipolarité de ma femme effrite mon âme, cassant chaque mur : bienveillance, patience, gentillesse, intellect, compréhension. Le dernier mur, celui de la faiblesse, du masochisme qui me permet juste de survivre en subissant les affres de vindictes injustes est détruit. Il ne reste plus rien. Je ne suis plus un dominant, ni même un homme. Juste un zombie jouant sur son téléphone et parvenant à peine à remplir son rôle de papa. Ma femme n’est plus le papillon virevoltant qui égayait mes journées au début de notre relation. Celle qui m’a offert les deux plus beaux cadeaux de ma vie n’est plus qu’un dragon cracheur d’acide.
La veille, elle m’annonce d’une voix froide et avec un regard halluciné : - Pas question de divorcer. J’ai changé d’avis. Je reste. Je vais te coller aux basques et je ne vais pas te laisser une minute de paix ! Oh, il n’y a rien eut ce soir de particulier. Pas de provocation, pas de mauvaises nouvelles. Juste un épisode supplémentaire de démence provoquée par une maladie qu’elle refuse d’affronter. Victime de cette tempête électrique dans son cerveau. Le lithium a dépassé la dose toxique amplifiant les crises. Je ne suis toujours pas résolu à la mettre d’office en clinique. Je veux que cela vienne d’elle. Je ne peux que tenir, attendre le bon moment pour lui répéter qu’il est temps. Elle se lève et conclue notre troisième scène de ménage de la journée : - Je vais te pourrir la vie jusqu’à que tu en crèves. Habituellement, je soupire. Souvent je m’énerve. Parfois j’essaie de la raisonner. Là, face à l’absurdité totale, je ris. Elle est partie se coucher. Je reste en bas, dans le garage, pour fumer et profiter de ce moment de paix sombre où je m’hypnotise avec Angry Birds. La seule chose positive dans cette imbroglio infernal c’est que ces moments m’ont permis de devenir premier mondial à ce jeux. 6 fois en 3 ans. Sans achat de bonus supplémentaire. Véridique. On ne gagne rien. Même pas un petit message qui dirait « bravo pour être le dernier des décérébrés monsieur. Vous avez battu, à plate couture, 3 millions de joueurs de moins de 12 ans. Pensez à prendre l’air, baiser votre femme ou vous suicider car votre vie n’est qu’un vaste non-sens ». Je n’ai pas la force de me suicider. Pas baisé ma femme depuis 2 ans selon elle. Le temps passe vite. Il me parait impossible de recommencer. Je n’ai déjà plus de couilles, alors faire fonctionner mon sexe me parait incongrue. Je me décide donc de suivre la dernière option : prendre l’air. Il fait froid, le ciel est clair, les étoiles sont magnifiques. Et je m’aperçois que je suis incapable d’apprécier ce paysage d’hiver immaculé. Le zéro est pointé. La vie est noire et absurde. Alors je remonte en espérant que les somnifères ont fait effet et que le dragon s’est endormi. Comme souvent depuis des mois je m’écroule et m’endort instantanément. Que s’est-il passée cette nuit ? La dernière brique du dernier mur a finit par disparaître ? La perte de ma soumise a brisé les dernières scellées ? Cette ultime phrase de ma femme a gagné le grand prix de l‘injustice et de l’absurdité ? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que ce n’est pas Ethan qui s’est réveillé. Pas le mari, pas le papa, pas l’ami, pas l’amant. La bête qui avait sévit 25 ans plus tôt s’est éveillée. 5h du matin. Les yeux s’ouvrent d’un coup. Ils sont en direction de ma femme. Elle dort. La bête est emplie d’une détermination froide, d’une colère glaciale, homogène, sans sentiment. L’âme inexistante, le cœur comme un lac gelé dans une nuit d’hiver sans étoile. Mes mains prennent ma femme par les cheveux. - Espèce de connasse, tu te prends pour qui en fait ? Qui es-tu pour me parler comme ça ? La voix est déterminée, elle ne gronde pas mais résonne dans la pièce. Les yeux de ma femme s’ouvrent. La voix sort de ma bouche, je m’en aperçois maintenant. Et ce sont mes mains qui agissent. - Tu n’as aucune reconnaissance. Tu n’es qu’une connasse en crise. Tu es allé trop loin depuis trop longtemps. Injuste, stupide. A chaque phrase je secoue lentement mais fermement sa tête. Elle ne dit rien. Elle est dans le noir et un homme, dont elle peine à reconnaître le ton, la tétanise. Son instinct de survie lui dit qu’il ne faut surtout pas se rebeller. - Tu vas payer pour tout ce que tu me faire subir depuis si longtemps connasse. Ma main la tripote sans ménagement, passe sur ses seins, agrippe un téton et le pince très fort. D’un coup, sans prévenir. Elle crie. - Oh tu as mal ? Souffre connasse mais souffre en silence. Je pince l’autre téton et le tort. Elle essaie de ne pas crier mais un souffle de douleur s’échappe de ses lèvres. Je m’aperçois que sa douleur m’excite. Une érection presque douloureuse déforme mon caleçon. Une partie de moi, emprisonné, est complètement abasourdie par cette réaction. La suite devient confuse dans ma mémoire. Je lui ordonne de se mettre nue rapidement tout en tirant la couette. Je la triture plus que je ne le caresse. Je la retourne et lui assène une fessée très puissante. Je scande des insultes, des mots maints fois retenus. Je la doigte et m’aperçois qu’elle est mouillée. - Putain cela t’excite connasse ? Tu n’es qu’une petite pute. C’est ça que tu veux ? De la queue ? Je la réexpédie sur le dos sans ménagement, la chevauche au niveau de la poitrine bloquant ses bras au niveau des coudes avec mes genoux. Bizarrement, je note intérieurement que j’applique suffisamment de force pour l’emprisonner mais pas stopper la circulation sanguine. De la même façon, je fais attention à sa nuque en la prenant par les cheveux. Mon érection est énorme, dure. Je l’enfonce dans sa bouche. Docilement, elle essaie de sucer au mieux. Je la gifle. - Connasse, tu crois tu sais sucer ? Je m’en fous de tes capacités. Je vais juste baiser ta bouche de pute. Menant le geste à la parole, je pénètre mon sexe au fond de sa gorge en la prenant par les cheveux. Je fais plusieurs essais, je m’amuse à jouer avec sa bouche et sa gorge pour trouver le meilleur angle. Je cherche précisément la bonne position pour que mon sexe rentre complètement dans un mouvement glissant. Elle se laisse complètement faire alors qu’elle n’a jamais fait de gorge profonde. Elle ne se plaint pas même quand elle étouffe. Je me retire pour lui permettre de reprendre sa respiration. - Respire. Ce n’est pas terminé. Je vais baiser ta bouche de connasse comme je veux. Je vais te faire ravaler toutes tes conneries. Et je recommence des allers retours prééminents dans un gargouillis évocateur. Je pénètre sa bouche comme si c’était un sexe. Je la gifle en même temps. J'arrête enfin. Je la lâche non sans finir par une puissante claque. Je m’aperçois alors que des larmes coulent sur ses joues mais j’attribue cela au réflexe naturel. Elle reste la pantelante. Je me lève et allume la lumière. - Descend du lit. Tu es trop confortable. A quatre pattes. Elle prend position sur la moquette sans mot dire puis je sors chercher du matériel. Quand je reviens elle n’a pas bougé. - Tu n’es même pas capable d’être dans une position décente. Je la corrige avec la cravache que j’étais allé chercher. Reculer un peu le genou. Appuyer sur le bas du dos. - Montre ta croupe. Cambre toi. Je fais glisser la cravache puis je commence à la flageller. Le premier coup n’est pas tendre même s’il n’est pas trop fort. Puis il est suivit de plusieurs de plus en plus vif. Je sens sa douleur. Elle tente en vain de réfréner ses cris. - J’en suis à combien ? - Je…Je ne sais pas…maître. - Tu ne sais même pas compter. Tu penses être une bonne soumise mais tu es nulle. Je recommence au début. Les coups retombent. Même sa peau mate révèlent bientôt de la puissance des coups et cette fois elle éclate en sanglot. Je ne m’arrête pas. Au contraire je frappe plus fort. J’alterne en frappant l’arrière des cuisses, le dessous des pieds. Je passe ma main sur sa croupe, lui malaxe son petit trou et son sexe. - Tu es trempée. Tu as beau pleurer, tu aimes ça. Écarte les cuisses. Je claque son sexe. Une fois, deux fois, dix fois. Son corps est pris de soubresauts entre plaisir et douleur. Ses jambes commencent à trembler. Elle va s’écrouler. - Pfffff. Tu ne tiens pas la route. Alors, elle est ou la connasse qui donne des leçons ? Elle est ou ta force qui me ruine la vie depuis des années pour rien ? Par petits coups de cravache je lui indique la direction du lit comme on le fait avec un animal de ferme. - Allez remonte. Allonge toi sur le dos. Elle obéit comme un robot. Les larmes coulent toujours. Aucun frémissement en moi. - Tu avais une chatte magique avant. C’est la seule chose que tu as de bien connasse. Alors je vais me vider en toi, sac à foutre. Je la pénètre sans ménagement. Son sexe est chaud et trempé. Je la possède complètement sans penser à son plaisir. A une époque je pensais au meilleur angle. Sa zone A, sa zone G, bien la stimuler pour la faire monter graduellement jusqu’à l’extase. Là, je n’en ai que faire, je prend la position qui me satisfait le plus et je la baise sans vergogne. Je sens que je peux contrôler mon envie parfaitement. Pourtant son sexe se resserre. Je la bourre encore plus fortement. Mon visage touche le sien. Ses larmes coulent comme une rivière. Normalement cela devrait me stopper mais je n’en ai strictement rien à faire. Elle commence à sangloter. Les bras le long du corps, tout en s’offrant entièrement à mes assauts. Je ne dis même plus un mot. Je ne fais que grogner en la limant comme un forcené. Ses sanglots se transforment alors en un soupir guttural et elle se met à jouir. Presque prise par surprise par son propre orgasme, elle se tort de plaisir. La bête sourit. Toujours témoin impuissant de cet acte odieux, je ne comprend pas pourquoi la bête sourit. Un dialogue intérieur se met en place où elle me répond qu’elle sait ce qu’elle fait. Que c’est pour le bien de ma femme. Et que moi aussi je dois expurger ma colère. La bête continue sa torture. Le dard toujours planté dans le sexe de la petite chose haletante. -Tu as jouis petite pute. Sans demander. Une gifle, puis une deuxième. Peut être que ma femme a murmuré un « pardon ». La bête ne s’en souvient pas. Elle n’en a cure. - Je vais t’utiliser pour jouir connasse. Je t’interdis de jouir sans mon consentement. S’en suit une reptation à grand coup de rein où la bête ne pense qu’à prendre le maximum de satisfaction. Elle décide de jouir à un moment se retire et éjacule sur son ventre. - Tu ne mérites même pas ma jouissance. Le silence se fait. La bête s'est retirée de ma femme mais pas de mon esprit. Elle la regarde sans aucune pitié. Pourtant, elle la prend dans ses bras. Sa voix est douce presque tendre. Elle la cajole. Lui essuie ses larmes et lui demande comment ça va. Elle répond que ça va. Elle reprend son souffle, remonte à la surface. Et après un silence, elle dit « merci ». Un merci, franc, sincère, soulagée. La bête lui demande pourquoi elle a pleuré. Elle répond qu’elle même est étonnée, qu’elle ne sait d’où venaient ces larmes parce qu’elle a énormément apprécié toute la séance. Et elle répète ses mercis, mercis. Elle est apaisée et l'effet durera quelques jours. Allez comprendre… La bête a ressurgit en un mois d’hiver à 5 heure du matin quand elle a eut marre qu’Ethan le masochiste se fasse humilier. Elle a décidé qu’il était temps. Que c’était vital. Mais contrairement à 25 ans plus tôt, elle est restée. Je lui ai fait une place. Le chevalier noir, la bête, n’est jamais loin. Elle surveille et peut surgir quand elle le désire. Après un certain temps, je me suis aperçu que la bête n’est pas malsaine. Elle garde le socle des valeurs auxquelles je tiens. Certains processus doivent aller à leur terme. Le sataniste Anton Lavey a écrit « il y a une bête dans l’homme qui doit être exercée et non exorcisée ». Ethan Illustration : red eye man par untilyouknown
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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