On a peut-être trop tendance à penser le « bdsm à plusieurs » comme un passage obligé sans se demander pourquoi et comment. Il y a des variations et même des différences dès qu’il s’agit de se retrouver « à plusieurs ». Attention, je ne traite ici que du coup par coup. Et pas des dominant(e)s avec plusieurs soumis(es) à demeure ou non sur le moyen/long terme. Je l’évoquerais sûrement, c’est un sujet à part entière.
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Exploration le temps d’un week end sur la thématique de l’enfermement qui peut être pratiqué de diverses façons bien évidemment. On pense en premier lieu au bondage et au shibari. Il y a aussi les accessoires comme les enveloppes de latex qui ne laissent que deux trous aux narines pour respirer. Et d’autres comme les masques à gaz, les combinaisons de sudation et les brancards gonflables. Ce sont les adeptes de la claustrophilie. Le BDSM outre-Atlantique est très créatif dans ce domaine. Bien évidemment, il y a aussi les pratiques que je déconseille totalement comme le sac en plastique ou la pendaison murale. Nous atteignons là la sphère des risques trop importants. On confond à mon avis, la sensation de captivité avec celle de la mort. Donc, je vais me contenter de procéder à une captivité plus classique en passant par le territoire de la domination psychologique avec une petite touche d’asphyxophilie. - Bienveillant, reste bienveillant. - Oui mais ils m’énervent. - Chut, reste calme. Sois bienveillant. - Même les cons ? - Chacun sa vie. Ne juge pas. Sois bienveillant. - Même les pervers narcissiques ? - Ha non eux, tu as le droit. Mais reste serein. Tu es empathe, gentil. - Pourtant, il y a un paquet de cons. Il n’y a pas que les pervers narcissiques. Il y a les queutards aussi. - Oui, tout le monde le sait. Tu n’es pas le seul à leur faire la chasse. Mais ne t’énerve pas pour autant. - Ce ne sont pas les plus flagrants qui sont inquiétants. Les kinsters par exemple. - Bienveillance…Quoi les kinksters ? - Oui, les kinksters. Ces personnages qui ne revendiquent aucune appartenance définie. Seulement celle de consommer spontanément des pratiques à condition que ce soit branché. Top ou bottom au fil du vent. Fetish & fashion, muscle & fourrure, …Tous ceux qui pensent que le BDSM doit être hype avant tout. - Chut…Sois bienveillant. Ils revendiquent une forme de liberté qui t’est chère aussi. - M’enfin quand même. Il y en a un qui a acheté une série de 10 plugs fluo pour les mettre sur une étagère dans son salon parce que ça fait « glam ». Il ne les utilise même pas. C’est ça le BDSM ? - Il faut voir cela comme une manière de revendiquer un mode de vie en dehors des codes. C’est ce que tu prône aussi. Bienveillance… - Et les autres qui se prétendent « primal » ? On en parle ? Ceux qui justifient n’importe quoi car c’est leur instinct ? Alors que, peut être, il faut aussi éduquer sa part primale. Elle donne de l’énergie, soit, mais c’est quoi la suite ? Après avoir sucé le sang, marqué au fer rouge, torturé au waterboarding, étranglé par pendaison ? On hurle dans les collines les soirs de pleine lune ? On urine sur les coins de murs pour marquer son territoire ? - Ils ont reconnu leur bête. Comme toi. C’est bien. Ils n'ont pas tes limites c'est tout. Tu es juste jaloux que d’autres ont trouvé le mot avant toi. Reste bienveillant. Tu es un primal bienveillant. Respire. - J’imagine que les shibaristes non plus je ne peux pas leur dire ma façon de penser ? - Les shibaristes non. Ils sont zen. Sois bienveillant. - Même ceux qui harcèlent ? Font des attouchements ? Se proclame maître d’un ryu ? - Personne ne sait ce qu’est un ryu. Calme toi. Les viols arrivent partout, pas seulement dans le shibari. Les cordes, c’est bien. Le subspace… - Donc, bien évidemment, je ne peux pas évoquer ceux qui ne pensent qu’à faire du pognon avec le BDSM ? Les salons de l’érotismes, les soirées privées trop chers, les clubs, les money dommes. Ceux qui dénaturent une fois de plus la nature profonde du BDSM. - Tu deviens prétentieux. Chacun fait comme il peut pour vivre. S’ils ont trouvé un moyen de vivre du bdsm il n’y a pas de mal. Tu es jaloux en fait. Bienveillance. - Bon, alors les demi-doms ? Les mecs mariés qui mènent une double vie avec une soumise en mentant aux deux ? - Bienveillance. Toi aussi tu as fauté pour t’échapper d’une situation conjugale oppressante. Tu n’as pas de leçon à donner. Chacun commence comme il peut. - Et les trolls dont le sport est juste de casser les textes ? Sans aucun savoir vivre ? - Internet en est bourré. 85 % des échanges sur le web sont stériles. Toi, reste bienveillant. - Bienveillant, c’est facile à dire quand on cible ma soumise plutôt que moi parce que j’ai une grande gueule. - Tu l’as protégera en restant bienveillant. - Et les bloggeurs qui sortent de grosses conneries ? Qui lisent l’Histoire de travers pour justifier leur vision ? Ceux qui se revendiquent détenteur de la vérité toute nue ? Ceux qui copie/colle sans vergogne ? - Tu n’as absolument pas le droit de les critiquer. Vous êtes « collègues ». Personne n’est à la l’abri d’une erreur ou d’un petit glissement d’ego. Sois bienveillant. - Et les soumises qui posent des questions dans tous les sens et qui disparaissent du jour au lendemain ? - Tu exagère. Tu adore ça qu’on te prenne pour un puit de science. C’est justement ta bienveillance qui les attire. - Je ne suis pas un puit de science. - Ça non. Mais tu fais bien semblant. Reste bienveillant. - Bienveillant, bienveillant…A force de le répéter, cela n’a plus aucun sens. Je vois « bien » alors que je fais mal. Je vois « veillant ». Mais à force de veiller, je m’aigris. - Ce serait bien que tu maigrisses aussi. - Faudrait que je me décharge de tout le poids que j’ai sur le cœur. - Choisis ta voie. Reste bienveillant. Et pour décharger, tu as ta merveilleuse soumise. Bienveillant. Reste bienveillant. La bête/Ethan Illustration : Au cœur de la nuit (1945) d'Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer Ce fut une expérience abasourdissante. Ma soumise en mode joueuse me proposa de réaliser une rencontre avec un autre homme et/ou dominant. C’est un des détails du contrat. Nous sommes ouverts à ce que d’autres partenaires participent à divers degrés. Que ce soit un couple libertin, un couple bdsm, une soumise, un dominant ou un/e béotien(ne). Elle propose même un de ses « amis » dominant avec qui elle converse depuis des mois qui, derrière son côté un peu fantasque, semble doux et respectueux. Néologisme bdsm Je vais me faire plaisir à nourrir ma nature de créatif et inventer un nouveau terme pour le bdsm : le domantisme. Contraction de dominant et romantisme. C’est une espèce de blaireau qui ne peut s’empêcher d’aimer affreusement les femmes qu’il soumet. Un dominant époustouflé par la sensualité, le lâcher-prise, la force d’une soumise qui s’offre. Ainsi, n’ayant pas finit de traiter ses problèmes d’ego, ni atteint un stoïcisme nécessaire, il oscille entre amour et domination. Le domantique n’est pas sadique. Il est touché par les affectations du romantisme et les questionnements sur le sens du bdsm dans l’Univers tout en écoutant, caressant, laissant agir sa bête intérieure et ses pulsions. Pour donner une image, c’est un gorille des montagnes : 300 kg de muscle, des canines puissantes et pourtant herbivore. Je me fais rire tout seul avec mes élucubrations. Tout cela pour réintroduire un texte écrit il y a longtemps. Un flashback donc, écrit à l’aube de l’émergence du dominant/domantique, toujours à la recherche de lui-même. Je précise donc que ce texte n’est pas à propos de ma magnifique soumise actuelle. Tout va bien de côté-là. Selon Hegel, dans la dialectique du maître et de l’esclave, il n’y a que l’esclave qui évolue. Peut-être faut-il expliquer pourquoi. Il serait prétentieux, en un seul article, de résumer la philosophie d’Hegel. Non seulement je n’ai pas le bagage intellectuel pour ce faire (on s’attaque à Hegel à la cinquième année de philo en université) mais, en plus, il faudrait aussi évoquer Levinas et Kant qui s’opposent aux conclusions d’Hegel. Je vais donc simplement tenter une réflexion sur ce simple thème. Tout d’abord l’écrit d’Hegel, malgré son titre, ne traite pas en premier lieu de l’esclavagisme mais de la lutte de deux personnes pour la reconnaissance. Une analyse dont l’analogie s’adapte au bdsm autant qu’aux relations sociales. Cet été 2018, nous sommes sortis en club ayant pour thème le BDSM. Ce fut une première pour moi et ma soumise. Il fallait bien se confronter un jour à la réalité des autres. Ce weekend ci, notre rencontre se fait sur Lyon. J’ai cherché toutes les soirées. Je jette mon dévolue sur la Krypte qui est la partie underground de l’Oasis, un sauna tendance gay. Après être sortie en club libertin, il m’a paru plus indiqué de fréquenter la communauté LGBT+ que celle des libertins. Elle a réussi à surnager, puis à nager, enfin à sortir de l’eau pour marcher, courir et ne plus s’arrêter. Elle parcourt des kilomètres, addicte aux endorphines de cette douleur/plaisir. Dans sa vie, sa volonté est plus forte que tout. Sa réussite est sa fierté. Ses envies synonymes de liberté. Elle court toujours plus loin, toujours plus longtemps. Son semi-marathon au bout des pieds, son envie de vivre au bord des lèvres. Son cœur ne battant que pour avancer. Courir pour ne pas mourir. Elle a perdu du poids pour se libérer de son passé trop lourd. Désormais sa beauté éblouie. Elle ne fait que consommer les plaisirs comme on prend un verre d’eau lors d’une course de fond. Elle le boit avidement et le jette. Courir en ne partageant que le diapason d’un souffle fugace. Courir seule plutôt que marcher accompagnée. Cependant, elle le dit, derrière sa force se cache une grande fragilité. Quelquefois son corps lui impose de s’arrêter. Elle se sent rattrapée par des fantômes du passé. Ce sont les larmes qui courent sur ses joues. Alors courir pour oublier la haine, l’amour, le passé, le futur, l’injustice, l’incompréhension, les questions, la tristesse, le bonheur. Courir jusqu’à que tout soit flou, dilué, même le temps. Je n’ai pas eu le temps de lui dire qu’elle ne court pas mais qu’elle fuit. Elle le sait mais elle est déjà partie pour éviter de penser que je l’avais compris. Ethan Illustration : Skeeze Parlons misère sexuelle. Comme ça. Hors statistiques. Surtout en dehors des statistiques.
Parce que les statistiques, elles nous rassurent mais ne nous interpellent pas. Elles donnent l’impression d’informer. Comme ce fameux âge du premier rapport sexuel qui ne change guère (17 ans et des brouettes) et qui rassure les plus vieux, inquiets que l’océan de porn n’avilisse une jeunesse naïve. Alors, hors statistiques, je vais vous donner ma vision d’une certaine misère sexuelle. Oui, peut être que vous aurez remarqué que je n’avais rien publié depuis plus d’un an.
C’est la fin d’un cycle et surtout le début d’un nouveau. J’aurais aimé juste hiberner mais c’est au feu que je me suis retrouvé. Plusieurs combats à mener m’ont éloigné de l’écriture. Pas seulement par manque de temps mais par des blessures qui ont tarit ma capacité à écrire. J’aurais peut-être l’occasion de revenir sur les diverses étapes de ces mois moralement difficiles. Pourtant notre BDSM a connu de beaux épisodes. Et c’est eux que je vais évoquer. D’autres aventures aussi sont à vivre pour le plus grand bonheur de ma soumise et moi. Et j’espère aussi votre plaisir de les lire. Quand on parcoure internet, on trouve des blogs qui commencent fort et bien puis qui s’arrêtent d’un coup. On les voit encore présents comme des fantômes. On aurait envie d’écrire à leur auteur pour leur demander ce qui s’est passé. J’avais cela en tête quand j’ai ouvert le mien. Je ne veux pas de morceau de vie qui traine sans queue ni tête pour finir sur archives.org. Laisser une trace oui, j’aimerais bien. Mais un déchet sans forme sur l’océan virtuel, non. L’écriture est difficile. Le pire ennemi c’est soi-même. Cette traversée de champs de batailles m’a cependant fait remarquer une chose : j’ai besoin de vivre mon bdsm. Ce fut un long cheminement mais c’est un acquis désormais. Le but de ce blog était bel de faire mon introspection pour comprendre mon cheminement. Et, dans ce cas, c’est l’absence d’écriture qui m’aura révélé une partie forte de moi-même. Je lis dans vos pensées : il n’y a que l’adversité qui permet d’avancer. Sinon on stagne. Une autre révélation. Ces moments difficiles n’ont pas découragé ma soumise qui a su rester forte, patiente et qui m’a soutenu alors qu’elle-même fait face aux difficultés de la vie. C’est une bonne nouvelle que ces tempêtes n’aient pas détruit notre relation. Et c’est même un indice fort qui me révèle que nous sommes faits pour avancer ensemble. Alors, prêt pour de nouvelles aventures. Munissez-vous de vos mouchoirs en papier. Que ce soit pour se caresser mollement ou verser une larme de joie. Ethan 2.0 |
Auteur
Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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