Il est tout à fait évident que je « souffre » de donjuanisme (besoin pathologique de séduire) et de scopophilie (ou voyeurisme : tout l’esprit devient une zone érogène). Les deux associés poussent à une habitude particulière : le réflexe de reluquer, calibrer, regarder toutes les femmes qui passent et à imaginer comment les séduire. Ma scopophilie ne s’arrête pas là : elle me pousse à parier sur la position préférée de la cible, sa zone la plus érogène, son type de gémissement. Comme un radar ouvert en permanence. Ajoutons à à ce voyeurisme exacerbé le besoin de plaire, d'accrocher l’attention, de laisser un trace dans l’esprit, le tout alimenté par des techniques de manipulation bien apprises pour attirer, déstabiliser et séduire, vous avez là le portrait d’un prédateur cynique, sans scrupule, capable de s’adapter à son environnement pour piéger une proie. Si on s’arrête à l’aspect symptomatique, c’est que l’on pourrait conclure. Pourtant, je suis un empathe, juste un mouton déguisé en loup au milieu de la meute. Je ne suis pas un pillard, je suis simplement un homme qui compense un besoin d’affection, un manque de confiance en lui, des souvenirs de moments ratés dans sa jeunesse. Et non pas, comme on pourrait le croire, le besoin de plaire à sa mère étouffé par l’interdit de l’inceste. Si Freud et Lacan ont posé les bases de la psychanalyse, la Pensée psychiatrique a quand même évoluée.
Alors, ce prédateur n’est rien d’autre qu’un gentil monstre. Car une fois que j’ai accroché l’attention, ma vraie personnalité prend le dessus. Et ce débile d’Ethan devient sentimental. Je ne peux m’empêcher d’être époustouflé par la féminité, la sensualité, puis rongé par la peur de ne pas mériter tous ces cadeaux. Quel être misérable que ce petit garçon rougissant quand il est pris sur le fait de voir une fille dénudée. Pour autant je ne suis pas soumis. Étrangement, je résiste à toute forme de corruption, de chantage, de tentative de me réduire à une obéissance aveugle. Il y a juste un feu intérieur qui protège mon souffle de vie. Mon cœur a été piétiné de nombreuses fois, mais il a toujours survécu. Certes avec des blessures. On dit que ce qui nous ne nous tue pas, nous rend plus fort. C’est une connerie en fait. Ce qui ne nous tue pas laisse surtout de belles cicatrices, nous affaiblit. Et on ne peut qu’apprendre à continuer de fonctionner avec son handicap dans l’espoir de rencontrer celle qui nous aidera à nous rééduquer complètement. Car le donjuanisme et la scopophilie ne sont pas les vraies déviances dont je suis affublé. Ce ne sont que des armes pour pallier à des manques. Mon vrai point faible est que je suis masochiste. Pas masochiste « physiquement ». Je n’ai pas le besoin de ressentir une douleur physique. Mais, et c’est peut être pire, je suis un masochiste social. En dehors du fait, que je suis profondément attentionné, fragile et créatif. J’ai toujours eu tendance d’aller vers les personnes qui vont me faire du mal, m’humilier. J’ai toujours cru qu’en montrant ma créativité et ma bienveillance, je vais réussir à transformer le monstre en face de moi. Imaginez le Petit Prince qui rentre dans le labyrinthe de Dédale, avec pour seules armes ses mots, un papier et un crayon, pour dire au Minotaure « dessines moi un mouton ». Vous l’avez l’image ? Voilà. Imaginez aussi le résultat. Bah c’est ça un masochiste social. Et au final, rampant en dehors du labyrinthe, à peine vivant, je me suis dit qu’il serait préférable d’être un Minotaure avec un cœur de Petit Prince que le contraire. Car il y a beaucoup de personnes qui fonctionnent différemment. Si on se présente comme un paillasson, certains pense que c’est notre souhait et s’essuient les pieds sur nous. J’ai découvert cela grâce aux écrits de Lise Bourbeau qui détermine qu’il y a 5 masques possibles. 5 blessures existentielles. Chacun de ces masques a ses avantages et inconvénients. Alors mon masque, ma blessure, n’est pas un vague complexe d’Oedipe mal réglé, mais le traumatisme d’un petit garçon qui n’a pas su rester propre, qu’on a pointé du doigt et punie. Plus tard, à l’âge adulte, j’ai consulté une coach de vie et je me souviens d’un séance, la troisième, ou j’ai eu un flash. Le soir même je suis parti en voiture vers la maternelle de mon enfance. Debout à l’entrée de cette école par une soirée froide de novembre. J’ai revécu les événements de petit garçon punie parce qu’il n’avait pas eu le courage de demander d’aller aux toilettes. Je me souviens de cette pudeur et de l’humiliation. Cela paraît tellement désuet et superficiel. Comment un si petit acte peut nous envoyer dans une direction qui fait que 40 ans plus tard, on se met dans des situations douloureuses ? Comment ne pas trouver ridicule cet événement face aux traumatismes des enfants battus ou des femmes violées, abusées ? Avouant ainsi mes faiblesses, j’espère que vous comprenez comment je fonctionne. Pourquoi dans chacun de mes échanges, il y a une recherche de « et toi, c’est quoi ton putain de traumatisme ? » Je travaille sur mon masochisme qui consiste surtout à changer d’attitude face à ceux qui pourrait me prendre pour un paillasson. Si vous lisez l’article du lien, vous ne me trouverez pas entièrement, car, tout comme vous, il n’y a pas que la blessure d’humiliation. J’ai aussi une petite blessure de trahison, une dose d’injustice et d’abandon. C’est ce qui fait de nous des êtres complexes. Ce masochisme mental est un défaut. Il n’est que le revers de la médaille. Car travaillant sur moi-même voilà ce que je peux être : « Derrière ce masque se trouve un être audacieux, avec le goût de l'aventure, avec bon nombre de talents dans des domaines variés, qui connait ses besoins et qui les respecte, qui est sensible aux besoins des autres. Capable de respecter la liberté de chacun. Bon médiateur, conciliant, qui arrive à rétablir des situations dramatiques. Qui aime se réjouir et faire que les autres se sentent à l'aise. Qui est généreux, altruiste, blagueur. Qui a du talent pour organiser et qui sait reconnaître ceux des autres. Cultive sa sensualité, qui sait se réjouir dans l'amour. Qui est très digne. » Voilà ce que je veux être quand je serai grand. Et vous comprenez aussi, pourquoi je n’ai pas peur des handicaps et blessures des autres. J’ai eu le privilège de participer au rétablissement de quelques unes, cicatriser quelques meurtrissures et d’aider certaines femmes à se réapproprier leur sensualité. Je ne suis pas superman. Juste une main qui soutient quand vous allez chercher un souvenir perdu au fond d’une cave, juste des mots quand il s’agit d’être en paix avec soi-même, des conseils pour redécouvrir des gestes qu’on se refuse. Alors, bouclons la boucle. Qui est Ethan dans la discipline BDSM ? C’est un être qui assume sa liberté, ses envies sans limite, sa sensualité. Qui va donc mettre sa créativité au service de sa perversion. Et c’est aussi pourquoi, même s’il est dominateur, il reste sensible aux besoins de sa partenaire, l’engagera dans la voix de la liberté et respectera ce qu’elle est. Alors, le Don Juan et le scopophile ne sont que des outils pour transformer le masochiste. Ce sont même des qualités nécessaires dont je n’ai pas honte car, au fond, je ne fais de mal à personne. Mesdames vous êtes prévenues. Oui, je suis un bon coup (!), oui, je suis séducteur. Mais éloignez vous de moi car ma route est celle de la liberté, non celle de la captivité. Si vous cherchez une erelation exclusive, je ne suis pas cet homme même si bizarrement c’est certainement mon aspiration naturelle. Il faut garder à l’esprit que la chair est faible. Je suis un compagnon de route pour des délires joyeux au cœur de pratiques sérieuses. Responsable autant que bestial. Et je suis aussi un ami, un confident à la hauteur de vos secrets. Mais méfiez vous du don juan scopophile, il pourrait vous blesser sans le vouloir. Ethan Illustration : affiche japonaise de The Jacket avec Adrian Brody réalisé par John Maybury, 2005
2 Commentaires
Galathee
17/3/2019 13:42:19
Bonjour Ethan,
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Ethen Dom
18/3/2019 14:36:57
Merci beaucoup pour ces jolis compliments.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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